Allocution du Ministre Délégué des Affaires Étrangères à l'occasion de la célébration de la 55ème Journée de l’Afrique

 

PROJET DE DISCOURS

DE

SON EXCELLENCE MADAME CLOTILDE CHANTAL BOUMBA LOUEY

MINISTRE DELEGUE AUPRES DU MINISTRE D’ETAT, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, DE LA COOPERATION, DE LA FRANCOPHONIE ET DE L’INTEGRATION REGIONALE

A

L’OCCASION DE LA CELEBRATION DE LA 55ème JOURNEE DE L’AFRIQUE

LIBREVILLE, LE 25 MAI 2018

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le Gabon, notre pays, à l’instar de la Communauté africaine, célèbrera le 25 mai 2018, la Journée de l’Afrique sous le thème « Vaincre la corruption : uneoption durable vers la transformation de l’Afrique ».

Bien que ce fléau soit un phénomène mondial, son impact se fait plus sentir dans les pays pauvres et moins développés où les ressources destinées au développement sont indûment détournées par des individus.

 

La corruption a un effet dévastateur et corrosif sur le progrès, la stabilité et le développement du continent. Elle constitue un obstacle à la croissance économique car elle décourage les investissements étrangers, occasionne des distorsions au niveau de la répartition des ressources et de la concurrence sur le marché, augmente les coûts de production des entreprises et réduit la valeur nette des dépenses publiques. La corruption réduit également la qualité des infrastructures de services publiques ainsi que le volume de recettes fiscales. Elle encourage le détournement et la mauvaise répartition des ressources rares.

Dans le domaine politique, la corruption sape l’État de droit, le respect des droits humains, la transparence, et affaiblit les institutions publiques ; ce qui ternit la légitimité publique des gouvernements et détériore la confiance entre les gouvernants et les citoyens. Les implications de la corruption contribuent à aggraver l’inégalité entre les revenus, la pauvreté et affecte négativement les valeurs morales de la société.

 

Selon la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), la corruption liée à diverses activités frauduleuses en Afrique, fait perdre chaque année au continent une somme de 148 milliards de dollars soit environ 25% de son produit intérieur brut moyen.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Cette journée commémorative a donc pour objectif de faire le point sur les progrès accomplis, évaluer ce qui reste à faire et concevoir de nouvelles stratégies qui répondent de manière appropriée aux nouveaux défis de la corruption , quinze ans après l’adoption de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, convention  la plus complète qui constitue un tournant décisif dans le domaine, car elle prend en compte des mesures contre la corruption spécifiques à l’Afrique.

 

Ladite convention dénote également d’un consensus des États africains dans le domaine de la prévention et de l’attribution du caractère criminel à la corruption.

Le Gabon notre pays n’est pas exempt de ce phénomène, selon les résultats du rapport annuel publié en 2018 par la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et le Forum Economique Mondial, dans le secteur public des 180 Etats étudiés.

C’est pour lutter contre cette gangrène que notre pays a ratifié en 2009 la Convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, adoptée en 2003.

Par ailleurs, le Gabon fait également partie depuis 2015 duRéseau des Institutions Nationales Anticorruption d’Afrique centrale mis en place en collaboration avec la Commission Economique des Nations unies pour l’Afrique, l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, la Banque Africaine de Développement, le Programme des Nations Unies pour le Développement, la Banque Mondiale, la Communauté Economique des  Etats d’Afrique Centrale, la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale, et d’autres institutions partenaires. Son siège est basé à Libreville. 

Au plan national, l’Etat a mis en place en 2003 la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite pour répondre à cette exigence. Le Gouvernement a réactivé en 2009 la Cour criminelle spéciale, créée en 1970. Cette Cour, dont les juges siègent pour un mandat de deux ans, est chargée de juger les auteurs présumés des détournements de deniers publics.

L’Agence nationale d’investigation financière lutte contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et  les malversations financières.

En 2013, un Document stratégique de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux a été réalisé avec l’appui technique et financier du Programme des Nations Unies pour le développement au sein des 10 secteurs prioritaires retenus.

Il s’agit notamment des domaines d’activités comme : le budget d’investissement et les marchés publics, le secteur privé et le climat des affaires, la décentralisation, l’éducation et les finances (douanes, impôts et trésor), la forêt, l’environnement, les mines et les industries extractives, la santé publique, les transports et la justice.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Notre pays est résolument engagé dans la lutte contre la corruption. C’est pourquoi, quatre projets de textes portant sur la réorganisation de la justice, le code pénal, le code de procédure pénale et la loi spéciale anticorruption relative à la stratégie de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux sont en cours d’adoption.

 

Par ailleurs, pour que la lutte soit appropriée et comprise par tous, la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite en partenariat avec les établissements universitaires a élaboré un programme de master en lutte contre la criminalité économique et lancé une initiative sous la forme d’un projet pilote sur l’enseignement de l’intégrité à tous les niveaux d’enseignement.

 

Depuis le mois de mars 2017, une opération anticorruption qui vise à poursuivre les personnalités et dirigeants soupçonnés de malversations financières a été lancée.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Toute  lutte efficace contre la corruption exige une approche globale, innovante et stratégique.

Au Gabon, le renforcement du fonctionnement des institutions constitue un préalable à la réussite de toute initiative destinée à combattre ce fléau ; d’où le renforcement de la synergie entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire qui permet de consolider la bonne gouvernance, la transparence et la responsabilité.

Nous devons donc saisir l’occasion de la célébration de la Journée de l’Afrique, pour nous engager individuellement et collectivement à faire de la lutte contre la corruption, aux niveaux national et continental, un leitmotiv prioritaire dans les politiques de développement impulsées par nos nations respectives en vue de la transformation durable de notre continent.

Je vous remercie.