Interview de son Excellence Monsieur Paul TOUNGUI à AFRICAGENCY

Interview de son Excellence Monsieur Paul TOUNGUI, Ministre des Affaires Etrangères, de la coopération internationale et de la francophonie à AFRICAGENCY

Date: 26/01/11

Lieu: Libreville

1- Première question: Comment le Gabon va-t-il mettre à profit diplomatiquement sa présence au Conseil de sécurité des Nations Unies?

Notre présence au Conseil de Sécurité des Nations Unies est une opportunité pour rendre notre voix encore plus audible sur la scène internationale, singulièrement en matière de paix et de sécurité internationale; domaine dans lequel notre pays peut se prévaloir d'un engagement constant dans la recherche de solutions aux conflits et menaces qui ont secoué le continent africain. Au-delà de notre engagement à l'échelle régionale et globale, il est évident que l'environnement du Conseil de Sécurité est propice pour le raffermissement des liens bilatéraux de coopération avec les puissances traditionnelles et émergentes. Et pour nous, l'essentiel n'est pas de participer comme dirait Pierre de Coubertin, mais de tirer réellement profit au maximum, de chaque opportunité offerte.

2- Deuxième question: Quelle réponse dans l'immédiat comptez vous apporter à la situation matérielle des diplomates gabonais? Va-t-on voir les locaux désuets d'ambassade du Gabon dans les grandes capitales connaître le même sort qu'à Paris qui vient de se doter des nouveaux locaux flambants neufs?

Les attentes du diplomate gabonais sont à l'image de celles de l'ensemble des agents de l'Etat au Gabon. Elles s'énoncent principalement en termes d'amélioration des conditions de vie et de travail et occupent une place de choix, dans la politique du gouvernement en faveur de la modernisation de l'Etat. D'ores et déjà, conformément aux instructions du chef de l'Etat, nous avons, sur le plan téléologique, reprécisé les termes de référence de notre politique extérieure. Pour ce qui est des moyens humains et matériels, nous envisageons à court terme un redéploiement de notre carte diplomatique et un renouvellement des acteurs avec pour souci majeur la recherche de l'efficacité. Dans cet élan, la viabilisation du cadre de travail s'impose à nous et nous allons y faire face. Mais vous conviendrez avec moi, que ce vaste et ambitieux chantier a un coût qui nous astreint à ?uvrer plus raisonnablement et à calibrer notre ambition à la mesure de nos moyens.

3- Troisième question: A quand la libre circulation des biens et des personnes dans la zone CEMAC. Comment concevoir que malgré l'existence d'un traité, un gabonais, un congolais ou un camerounais, sans parler des tchadiens doivent se faire délivrer un visa pour entrer dans chacun des pays de la zone CEMAC ?

Le processus de libre circulation des personnes et des biens est en marche de façon irréversible en Afrique centrale. Le cadre juridique est consolidé, le cadre institutionnel est fonctionnel. Au niveau de la visibilité où nous souffrons de la comparaison avec les régions voisines, des avancées considérables sont en vue notamment avec l'accélération récente des discussions sur AIR CEMAC et sur le passeport communautaire, lors du sommet tenu à Brazzaville en mai dernier. Je puis déjà vous dire que la libre circulation est un fait pour certaines catégories notamment détenteurs de passeport diplomatique ou officiel, les opérateurs économiques ou les chercheurs.

4- Quatrième question: Que devient le leadership régional du Gabon au sein de l'Afrique centrale avec l'arrivée d'un nouveau président à la tête du pays?

Notre objectif est avant tout de préserver la paix et la stabilité qui est notre bien le plus précieux. Cette paix nous la voulons non seulement à l'intérieur de nos frontières, mais également avec nos voisins dans un esprit de respect mutuel et de confiance. Avec le président Ali BONGO ONDIMBA, le Gabon n'a, sur le plan régional, aucune velléité, ni agenda autre que le renforcement d'une coopération étroite en vue du développement de notre pays.

5- Cinquième question: Dans le dossier sur la convention de Belinga, va-t-on assister à un bras de fer entre Libreville et Pékin? Les chinois ne semblent pas vouloir renégocier une troisième fois, alors que Libreville souhaite revoir certaines dispositions de ce contrat, ou une société chinoise s'est portée acquéreur de cette mine?

Vous m'apprenez beaucoup de choses qui sont pour la plupart en retrait de la réalité. La réalité justement est que le Gabon entretient d'excellentes relations avec la Chine assorties d'une coopération fructueuse dont Belinga est le symbole. Avec la Chine, comme avec les autres partenaires, le Gabon est ouvert à une coopération franche dans un esprit gagnant­-gagnant. C'est sur cette base que nous discutons avec tous nos partenaires sans pourtant renoncer à nos engagements. Nos échanges avec la Chine sur le dossier Belinga se déroulent dans une atmosphère de compréhension mutuelle et ne présagent d'aucune ombre dans le ciel des relations amicales avec cet important partenaire bilatéral.

6- Sixième question: Peut-on s'attendre à de nouvelles orientations dans la diplomatie gabonaise avec Ali BONGO ONDIMBA ?

Dans l'orientation de notre action internationale, nous travaillons pour que le Gabon s'affirme pleinement comme un acteur à part entière de la scène internationale. Le corollaire de cette volonté est d'être davantage audible et crédible dans le concert des nations. Pour le président Ali BONGO ONDIMBA, il nous faut avant tout, capitaliser les fruits de notre engagement en faveur de la paix et mettre l'accent sur le développement du Gabon à travers la mobilisation des ressources internationales disponibles. C'est à l'aune de ces objectifs saillants que s'inscrit l'action de la diplomatie gabonaise qui doit aboutir à la réalisation de l'ambitieux projet d'un Gabon vert, un Gabon industriel et un Gabon des services.