GABON–DIPLOMATIE : Première Réunion de la Commission Préparatoire à l’entrée en vigueur de l’Accord sur la Biodiversité Marine (BBNJ).

GABON–DIPLOMATIE : Première Réunion de la Commission Préparatoire à l’entrée en vigueur de l’Accord sur la Biodiversité Marine (BBNJ).

 

 

 

 

 

 

S.E.M Auxence MALONGO IYANGUI Ambassadeur, Directeur Général Adjoint du Droit de la Mer, a récemment séjourné à New York.

Il a pris part aux travaux relatifs à la Première Réunion de la Commission Préparatoire à l’entrée en vigueur de l’Accord sur la Biodiversité Marine (BBNJ).

La Direction Centrale de la Communication  du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération  Chargé de l’Intégration  et de la Diaspora, dans l’optique de mieux cerner cette actualité vous propose l’intégralité de l’entretien qu’il nous a accordé.

 

Bonjour Monsieur l’Ambassadeur, Directeur Général Adjoint du Droit de la Mer.

 

 

Question : du 14 au 25 avril 2025, dans le cadre de l’ouverture de la première Réunion de la Commission Préparatoire à l’entrée en vigueur de l’Accord sur la Biodiversité Marine vous avez représenté le Gabon au Siege des Nations Unies. Pouvez-vous  nous  présenter cet Accord ?

 

Réponse : Bonjour et merci de l’opportunité qui m’est offerte de m’exprimer à travers votre media en ligne .

  L'Accord BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction) est un traité international adopté le 19 juin 2023 sous l'égide des Nations Unies. Il vise à assurer la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales.

Ce traité, qui constitue le troisième accord de mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, aborde quatre axes principaux :

  • Les ressources génétiques marines et le partage équitable des avantages ;
  • Les outils de gestion par zone, y compris les aires marines protégées ;
  • Les évaluations d'impact sur l'environnement ;
  • Le renforcement des capacités et le transfert de technologies marines.

L'Accord BBNJ met également en place un mécanisme institutionnel, comprenant une Conférence des Parties, des Organes subsidiaires, un Centre d’échange et un Secrétariat. Il est ouvert à la signature jusqu'au 20 septembre 2025 et entrera en vigueur 120 jours après la ratification par 60 États.

 

 

 

 

 

Question : Peut-on revivre avec vous les thématiques abordées et  les temps forts   de cette Réunion ?

 

Réponse : Lors de la première réunion de la Commission préparatoire à l’entrée en vigueur de l’Accord BBNJ, qui s’est tenue à New York du 14 au 25 avril 2025, plusieurs thématiques clés ont été abordées :

Thématiques principales:

  • Règlement intérieur de la Conférence des Parties (COP) : Les discussions ont porté sur la fréquence des réunions (annuelle au début, puis biennale), le lieu (Siège de l’ONU avec flexibilité pour d’autres options) et la structure institutionnelle.
  • Règles de gestion financière : Débat sur le financement de la COP, du secrétariat et des organes subsidiaires, avec un soutien pour un modèle inspiré de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
  • Organes subsidiaires : Examen des fonctions et interactions du Comité de renforcement des capacités et du transfert des technologies marines, du Comité sur l’accès et le partage des avantages, et du Comité de mise en œuvre et de contrôle du respect des dispositions.
  • Ratification et mise en œuvre : Appel à une ratification rapide de l’Accord avant la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice (juin 2025).

Temps forts:

  • Intervention des Coprésidents (Mme Janine Elizabeth Coye-Felson du Belize et M. Adam McCarthy de l’Australie) qui ont présenté les tendances générales des débats.
  • Participation de Jane Fonda (Actrice Américaine), qui a plaidé pour une ratification urgente de l’Accord, soulignant l’importance de la biodiversité marine pour l’humanité.
  • Consensus sur l’importance du Comité de renforcement des capacités, notamment pour les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA).

 

 

Question : prenaient part à ces travaux, de nombreux experts issus de 112 Etats signataires et 21 Etats parties. Que peut-on au finish retenir  des travaux de cette commission  préparatoire à l’entrée en vigueur de l’Accord sur la Biodiversité Marine et quels enseignements tirez-vous de votre participation ?

 

Réponse :  La Commission préparatoire à l’entrée en vigueur de l’Accord BBNJ, qui s’est tenue à New York du 14 au 25 avril 2025, a permis d’avancer sur plusieurs aspects clés pour la mise en œuvre effective du traité, à savoir :

  • Le règlement intérieur de la Conférence des Parties (COP) : Adoption d’un cadre garantissant clarté, inclusion et justice, avec une fréquence de réunions annuelle au début, puis biennale.
  • Le lieu des réunions : Préférence pour le Siège de l’ONU, avec une flexibilité pour d’autres options en fonction des coûts.
  • Financement : Modèle inspiré de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), assurant un soutien aux pays en développement.

Comme enseignements majeurs, on peut retenir :

  • L’engagement fort des États, à savoir la participation de 112 États signataires et 21 États parties témoigne d’un intérêt marqué pour la préservation de la biodiversité marine.
  • Le consensus sur le renforcement des capacités : Les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) ont plaidé pour un soutien accru afin de garantir leur participation effective.
  • Une mobilisation des acteurs non étatiques.

 

 

Question : Quelles différences faites-vous Monsieur l’Ambassadeur, Directeur Général Adjoint du Droit de la Mer entre  les Accords de Paris et  BBNJ ?

 

Réponse : L’Accord de Paris et l’Accord BBNJ sont deux traités internationaux qui visent à répondre à des enjeux environnementaux majeurs, mais ils diffèrent sur plusieurs aspects fondamentaux :

  1. Objectif principal:
  • Accord de Paris (2015) : Il vise à limiter le réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en renforçant l’adaptation des États aux impacts du changement climatique.
  • Accord BBNJ (2023) : Il concerne la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales.

 

  1. Champ d’application :
  • Accord de Paris : Il s’applique à tous les États et concerne les émissions de gaz à effet de serre et les politiques climatiques.
  • Accord BBNJ : Il s’applique aux zones marines internationales, régissant l’exploitation des ressources génétiques marines, la création d’aires marines protégées, et les évaluations d’impact environnemental.
  1. Mécanismes de mise en œuvre :
  • Accord de Paris : Chaque pays soumet des contributions déterminées au niveau national (NDCs) et doit rendre compte de ses progrès via un mécanisme de transparence.
  • Accord BBNJ : Il met en place une Conférence des Parties (COP), des organes subsidiaires, un Centre d’échange, et un Secrétariat pour assurer la mise en œuvre.
  1. Financement:
  • Accord de Paris : Il repose sur le Fonds vert pour le climat, qui aide les pays en développement à financer leurs actions climatiques.
  • Accord BBNJ : Il prévoit un mécanisme de financement pour soutenir les pays en développement, notamment pour le renforcement des capacités et le transfert de technologies marines.
  1. Approche juridique :
  • Accord de Paris : Il est basé sur des engagements volontaires, avec un suivi des progrès mais sans sanctions contraignantes.
  • Accord BBNJ : Il est un instrument juridiquement contraignant, avec des obligations précises pour les États parties.

En résumé, l’Accord de Paris est centré sur la lutte contre le changement climatique, tandis que l’Accord BBNJ vise à protéger la biodiversité marine en haute mer. Ils sont complémentaires dans la préservation de l’environnement global.

 

 

 

 

 

 

 

Question : le Conseil des Ministres du 7 mai 2025 se référant aux articles 119 et 114 de la Constitution Gabonaise, a autorisé la ratification de l’accord portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité biologique  marine des zones situées au-delà  de la juridiction  nationale. Quels sont  les enjeux et l’impact de la ratification par le Gabon de ce traité ?

Réponse : La ratification de l’Accord BBNJ par le Gabon marque une avancée significative dans la gouvernance des océans et la préservation de la biodiversité marine.

Enjeux de la ratification :

  1. Renforcement du cadre juridique international : En adhérant à cet accord, le Gabon s’engage à appliquer des règles contraignantes pour la conservation et l’exploitation durable des ressources marines en haute mer.
  2. Protection des écosystèmes marins : Le traité permet la mise en place d’aires marines protégées et de mécanismes de gestion durable, essentiels pour préserver la biodiversité océanique.
  3. Accès aux ressources génétiques marines : Le Gabon pourra bénéficier du partage équitable des avantages issus de l’exploitation des ressources marines, notamment pour la recherche et l’innovation.
  4. Renforcement des capacités : L’accord prévoit un soutien technique et financier pour les pays en développement, facilitant l’accès aux technologies marines et aux formations spécialisées.
  5. Leadership environnemental : Cette ratification confirme le rôle du Gabon comme acteur clé de la conservation marine, renforçant son influence dans les négociations internationales sur la biodiversité.

Impact pour le Gabon

  • Développement de l’économie bleue : L’Accord BBNJ ouvre des opportunités pour une croissance durable dans les secteurs de la pêche, du tourisme et de la biotechnologie marine.
  • Accès à des financements internationaux : Le Gabon pourra bénéficier de mécanismes de financement pour la mise en œuvre de projets liés à la conservation marine.
  • Renforcement de la coopération régionale : En ratifiant cet accord, le Gabon pourra collaborer avec d’autres États côtiers et organisations internationales pour une gestion concertée des océans.
  • Amélioration de la gouvernance maritime : La mise en œuvre de l’accord nécessitera une adaptation des politiques nationales, renforçant ainsi les capacités institutionnelles du pays en matière de gestion des ressources marines.

La ratification de cet accord par le Gabon constitue une étape stratégique vers une meilleure protection des océans et une gestion durable des ressources marines.

 

 

                                                                      

 

Monsieur l’Ambassadeur, Directeur Général Adjoint du Droit de la Mer, la Direction Centrale de la Communication vous remercie pour votre disponibilité.

 

 

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